Procès
Colonna 2009 : un scandale d’état ?
Y aurait-il au détour
du procès Colonna non seulement un nouvel Outreau mais peut-être
aussi un scandale d’état ? Les erreurs de l’enquête ont déjà
été soulignées par un rapport de l'Assemblée qui fustigeait la
" guerre des services et les logiques personnelles " qui
avaient prévalu pendant les dix-huit mois d'enquête et surtout,
s’agissant d’Yvan Colonna, l’absence de preuves, ni
empreinte digitale ou génétique, ni trace d'une communication téléphonique
sur son téléphone portable.
Des éléments troublants…et de nouvelles révélations
A cela s’ajoutent d’autres éléments troublants : la présence
d’Yvan Colonna sur les lieux du crime fait également débat.
Or, malgré cela, il a été condamné en décembre 2007 à la
perpétuité. C’est déjà beaucoup. Mais si à cela s’ajoute
un scandale d’état, la coupe est pleine. Or, vendredi soir,
Didier Vinolas, qui était secrétaire général du préfet lors
de son assassinat, a affirmé détenir les noms de deux nouveaux
membres présumés du commando nationaliste à l'origine de
l'assassinat, qui n'auraient jamais été inquiétés et seraient
"peut-être dans la nature". Ces noms, a-t-il assuré,
avaient été transmis notamment en 2002 à Yves Bot et en 2004 au
chef du Raid Christian Lambert. Ceci signifie que des éléments
à décharge, favorables au berger de Cargèse, ont été mis sous
le boisseau.
L’affaire se corse, si l’on ose dire
L’affaire se corse, si l’on ose dire, lorsqu’on examine les
antécédents d’Yves Bot : magistrat autoritaire, il n’a
jamais caché sa proximité avec Nicolas Sarkozy, ministre de
l'Intérieur à l'époque de l'arrestation d'Yvan Colonna qui était
alors son principal fait d’armes. Ses détracteurs, au rang
desquels plusieurs magistrats spécialisés dans les affaires
financières, avaient souligné sa capacité à bloquer la
progression de certains dossiers en refusant par exemple
d'octroyer aux juges l'autorisation d'enquêter sur des faits
nouveaux apparus au fil de l'enquête. Il s'est également fait
remarquer en s'érigeant en défenseur du système judiciaire face
aux caméras en novembre 2005 lors du procès en appel d'Outreau,
même s’il avait spectaculairement présenté ses
"regrets" aux accusés avant même qu'ils ne soient
acquittés.
En droit français, le doute profite à l’accusé… même
s’il n’est pas sympathique.
Pourquoi ces magistrats et ces policiers n'ont-ils donné aucune
suite à ses allégations ? Les défenseurs de Colonna auraient eu
tort de ne pas s'engouffrer dans ces brèches. André Vallini, député
PS de l'Isère, s'était prononcé hier pour "une suspension
des audiences", estimant que "si rien ne se passait à
l'issue des révélations de vendredi", "le verdict
final serait entaché d'un doute insupportable". Or, dans le
droit français le doute, doit-on le rappeler, profite à
l’accusé, même s’il n’est pas sympathique.
(Source : nouvelObs.com) |