Arthur
Charles Clarke a la particularité rare d'être connu et
apprécié de beaucoup pour ce qui est sans doute un de ses
plus mauvais romans "2001, l'odyssée de
l'espace", novellisation de l'ennuyeux film de Stanley
Kubrick, film dont le scénario, co-écrit par Clarke, est
une adaptation d'une nouvelle de l'auteur. La polarisation médiatique
sur cette oeuvre (et sur ses suites à vocation très
commerciale) éloigne malheureusement de nombreux lecteurs
potentiels du reste de l'oeuvre de Clarke, les privant ainsi
de certains des meilleurs textes du genre.
Clarke commence à écrire très jeune, d'abord dans le
journal de son école, puis dès l'age de 15 ans, il publie
des textes dans différents fanzines. Passionné
d'astronomie, membre de l'association astronomique
britannique, spécialiste des radars pendant la guerre,
Clarke est aussi l'inventeur du principe du satellite géostationnaire
et l'auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation
scientifique. Ses premiers romans, situés dans l'espace
proche, sont d'ailleurs fortement impregnés d'une volonté
de vulgariser et d'instruire. La plupart de son oeuvre se
situera dans une veine hard-science, avec notamment de
nombreuses nouvelles extrapolant le proche avenir de la
conquête spatiale.
Mais les meilleures oeuvres de Clarke apparaissent quand il
s'intéresse à l'avenir de l'homme, avenir qui passe par la
disparition des religions et une révélation venue des étoiles,
sous forme de visiteurs extraterrestres venus aider l'homme
à devenir adulte. La religion et le contact avec
l'extraterrestres apparaissent comme les préoccupations
principales de l'auteur. La première, appelée à changer
puis à disparaître, souvent remplacée par le second qui
apparaît inévitable. Une des questions posées par
l'auteur, souvent par l'intermédiaire de personnages
religieux, étant : "comment la religion pourra t'elle
survivre sous l'éclairage des progrès scientifiques, du
voyage dans l'espace ou du contact avec l'autre ?"
(voir à ce sujet "Les neufs milliards de noms de
Dieu", "Les enfants d'Icare" ou "L'étoile").
A la fin des années 70, Clarke se retire à l'île de
Ceylan pour se livrer à son autre passion, la plongée sous
marine. Une retraire dont il sortira en 1982 pour écrire
une suite à "2001, l'odyssée de l'espace", un
travail de commande pour lequel il reçoit une avance
faramineuse. Son retour à l'écriture sera surtout marqué
par des suites de ses séries à succès, comme 2001 ou Rama
et des romans peu convaincants comme "Le marteau de
Dieu". A l'instar d'Asimov, il servira aussi de prête-nom
pour une série de romans situés dans un "univers
partagé" et écrit par Paul Preuss (Détail). Malgré
la réussite de la série "Rama", coécrite avec
Gentry Lee, on assiste à une fin de carrière pénible pour
celui qui a écrit certains des meilleurs textes de la SF
intelligente des années 50 aux années 70.
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